L'exposition du Progrès Social



L'exposition du Progrès Social était un projet du maire de Roubaix Jean-Baptiste Lebas et du maire de Lille Roger Salengro, celui-ci était déjà mort quand l'exposition pris forme. Prévue initialement en 1938, elle se déroulera finalement à partir du mois de mai 1939. Elle sera stoppée par la déclaration de la deuxième guerre mondiale, et fermera ses portes le 3 septembre, un mois et demi avant la date prévue du 15 octobre.



Inaugurée le 14 mai 1939, elle recevra la visite le 4 juin du Président de la République Albert Lebrun. La guerre éclate le 3 septembre 1939 alors que l'exposition n'est pas terminée. 


L’exposition du Progrès Social en 1939 s’est ouverte dans un climat difficile, quelques semaines avant le début de la seconde guerre mondiale. 

Internationale, elle accueille en son sein les pavillons de la Belgique, du Luxembourg, des Pays-Bas et aussi de l’Allemagne. 

Sorte d’exposition internationale en modèle réduit, elle a comme ambition d’ériger en modèle la politique de reconstruction des régions dévastées du nord et de l’est, menée par la France.


Un vaste programme de constructions sociales et sportives est prévu par les organisateurs : une piscine et un stade s’ajoutent aux pavillons classiques d’exposition et au lunapark.



Cette exposition marque la renaissance des départements français particulièrement meurtris par la dernière guerre. Ils se nomment Nord, Aisne, Ardennes, Seine-et-Marne, Vosges, Oise, Marne, Haut-Rhin, Somme, Moselle, Pas-de-Calais, Bas-Rhin, Meurthe et Moselle. Nous ne saurions mieux faire pour la décrire et en dégager toute la portée, que de citer le discours du président Albert Lebrun qui la visita officiellement le 4 juin .

" Exposition du Progrès social ", quel beau titre ! Quelle noble ambition il révèle, mais aussi quel vaste programme il sous-entend ! Il appartenait aux populations du Nord et de l'Est, si souvent et si cruellement meurtries, au cours des siècles d'où leur est né un si puissant dynamise, de le tenter. Elles  y ont pleinement réussi.

Voici tour à tour le pavillon du Nord au style flamand discrètement modernisé, la colonie scolaire de vacances du Pas-de-Calais, la ferme picarde, le musée de la terre de l'Oise, le foyer social de l'Aisne, le castel de L'Ile-de-France, le cellier champenois, la maison forestière des Ardennes, le foyer communal meusien, la maison lorraine qui me rappelle mon département de Meurthe-et-Moselle, le foyer du soldat messin, inspiré de la vieille porte des Allemands, l'école de plein air du Bas-Rhin avec son toit et son pignon alsaciens, le centre du tourisme et de thermalisme vosgiens, L'hôtellerie de la Haute-Alsace, évocation fidèle et loyale de ces terres qui de la mer aux Vosges, pour reprendre une expression célèbre, assurent à la France sur ses frontières du Nord-Est une couronne de beauté et de richesse.

Au cœur même de l'exposition nous voyons défiler devant nous les merveilles de la science moderne appliquée à l'industrie. C'est dans le Grand Palais tout ce qui concerne le travail, le tourisme, les transports et aussi les sciences, les lettres et les arts. C'est le Centre rural avec son marché riche des produits de votre terre, sa mairie, son école, son église, sa ferme modèle. Ce sont les plus récentes découvertes de la radiophonie et de la télévision, en un mot, tous ces pavillon où est présenté avec art ce, que depuis 20 ans, l'homme a imaginé pour améliorer son sort de l'enfance à la vieillesse, étendre le champ de sa connaissance, élever son esprit.

L’exposition est jumelée avec la 59e fête fédérale de l’Union des Sociétés de Gymnastique de France.


Tout dans l’exposition doit concourir à montrer la cohérence des projets sociaux : s’appuyant sur le progrès technique le plus moderne - on teste la télévision - , les autorités du nord de la France ont développé une politique d’assainissement, de logement social et d’équipements collectifs. Un monde nouveau est en train de naître dans lequel le sport s’inscrit dans une longue tradition de divertissements populaires.
       
Une série de cartes postales a été éditée par H. Chipault à Boulogne sur Seine. Les photographies sont en noir et blanc et à bords dentelés. Elles ont aussi été rassemblées dans des albums de 10 cartes. Ci-dessous l'album n°4.



Expo-39, le journal de l’exposition du progrès social affirme que «  l’une des plus belles réussites : c’est le centre régional de Roubaix (…) Les pavillons des départements du Nord et de l’Est, coquets et gracieux, principaux sujets d’une admirable décoration, transforment le parc Barbieux en un jardin de rêve. »

Les réalisations des habitations à bon marché roubaisiennes figurent en bonne place. Il est question du Nouveau Roubaix. Le pavillon montre comment concilier confort, hygiène et embellissement. Il est aussi question d’un concours organisé entre les différentes sociétés et offices HBM des quatorze départements du Nord et de l’Est afin de pouvoir déterminer quelles sont les constructions qui répondent le mieux aux conditions demandées, c’est-à-dire très souvent les plus avantageuses en rapport qualité-prix. Les meilleurs projets seraient réalisés sur place.

La guerre allait néanmoins interrompre pour cinq ans cette recherche de la modernité urbaine, entreprise avec plus ou moins de réussite à Roubaix comme ailleurs en France.


Le Comité de l'Exposition du Progrès Social


Cette photographie prise à la Préfecture du Nord, en 1938, montre le Préfet, entouré des Présidents du Comité de L'Exposition, du Comité de la Loterie des Régions Libérées et d'une délégation de ces Organisations, venus lui apporter le premier bon. La période des travaux préparatoires est terminée et l'émission des bons à lots est officiellement ouverte. De gauche à droite : MM. Hannequin, Morand, Edouard Rasson, le Professeur Lambert, Fernand Charles Préfet du Nord, Franchomme, Blanc Trésorier Payeur Général du Nord, Alphonse Motte et Louis Broders.


Les pavillons à l'exposition de Lille et Roubaix en 1939


La ville de Lille accueillait, à proximité de la gare, les stands des pays étrangers et la ville de Roubaix, dans l'enceinte du Parc Barbieux, recevait elle les pavillons des provinces françaises.

La ville de l’entre-deux-guerres expliquée sous le beffroi aux Lillois

Un article paru dans la Voix du Nord le vendredi 26 novembre 2021, par Frédérick Lecluyse


Entre la Première et la Deuxième Guerre mondiales, la capitale des Flandres a eu le temps   de se relever et de se moderniser. Ce sont ces deux décennies que retrace une très documentée exposition qui a lieu jusqu’au 15 janvier à l’hôtel de ville. 

   

Quoi de plus symbolique que la maison commune pour raconter aux Lillois leur passé ? 


C’est l’invitation lancée par les Archives municipales qui ont réalisé cette exposition consacrée à la ville durant la période des années 1920 et 1930. 


Deux décennies de renaissance. Sortie martyrisée du conflit meurtrier de 14-18 – on pense à l’explosion des 18 Ponts, la ville a entamé sa reconstruction, physique et sociale, sous l’impulsion de deux grands maires, Gustave Delory, premier maire socialiste de Lille, et de Roger Salengro, élu adulé dont le destin funeste avait suscité une authentique émotion nationale.

Une vraie découverte pour qui s’intéresse à ce que furent ces années dites de la Belle Époque.  


Le Beffroi, symbole d'un nouvel avenir radieux


En attendant, c’est bien le fruit du travail accompli qui se dévoile dans le hall d’une mairie qui avait, à l’époque, fait partie de ce chantier colossal. Comme d’autres réalisations architecturales, tels que la cité hospitalière, les logements sociaux ou de nombreuses écoles, le nouvel hôtel de ville – inauguré en octobre 1932 – porte l’emblème d’un Lille résolument tourné vers un avenir radieux. Si ces reconstructions, qu’on découvre à travers des documents d’époque dont des photos qui n’ont pas besoin de parler, font encore partie du paysage, elles ne masquent pas l’action mise en œuvre pour les Lillois, un peuple ouvrier frappé par la misère et la tuberculose.


On découvre ainsi les fourneaux municipaux, ces cuisines populaires où la nourriture est fournie en abondance. 


Cette extraordinaire exposition du Progrès Social


On voit aussi les premiers départs en colonies de vacances et cette extraordinaire exposition du Progrès social qui se déroule à Lille et à Roubaix. Une vraie découverte pour qui s’intéresse à ce que furent ces années dites de la Belle Époque, qui, hélas, s’achèvent en 1939 par une nouvelle et terrible guerre qui marquera à nouveau la capitale du Nord dans sa chair.


Une exposition visible jusqu’au 15 janvier 2022. Lundi, jeudi et vendredi de 13 à 17 h, mercredi de 8 h 30 à 17 h et samedi de 8 à 12 h. 

Visite guidée sur réservation pour le groupes : archives@mairie-lille.fr







La Petite Gironde du 5 juin 1939

M. Albert Lebrun est allé à Lille et à Roubaix visiter l'Exposition du Progrès social.

Dans la capitale de la Flandre, le Chef de l'État a proclamé que la défense nationale, but suprême de tous les Français à l’heure présente, ne réclame pas seulement des armées nombreuses et instruites et un moral élevé, mais exige aussi une activité soutenue dans tous les domaines.

De notre envoyé spécial Louis Daussat.



Lille, 4 juin.


Il y a diverses espèces de voyages présidentiels : il y a le voyage - tourisme, dont le modèle qui n’a jamais été égalé est le voyage fameux que fit, dans le Limousin, Raymond Poincaré au début de sa présidence. Il y a le voyage - inauguration qui, lui-même, se subdivise en plusieurs catégories : monuments à des morts, grands travaux publics, foires économiques, expositions. Il y a aussi le voyage - visite.


C'en est un de ce type intégral, ou 100 pour 100, ainsi qu'on éprouve le besoin d’écrire aujourd'hui que M. Albert Lebrun est venu faire en cette journée dominicale à l'Exposition du progrès social de Lille-Roubaix.


Cette exposition, à laquelle participent quatorze départements du Nord et de l’Est et quatorze pays étrangers, a pour but de présenter une synthèse de l'effort français pour améliorer la vie sociale : hygiène sous toutes ses formes, lutte contre les maladies et les féaux physiques et sociaux. Protection de la mère, de l'enfant, de la famille, organisation du travail, vie communale, habitation, éducation physique, sports, enseignement et aussi sciences, lettres et arts. Bref, tout ce qui peut rendre l'existence plus agréable, aussi bien à notre foyer qu’au travail ou dans les plaisirs.


Le chef de l'État accompagné d'un imposant état-major gouvernemental ne comprenant pas moins de quatre ministres. MM. Marchandeau, garde des sceaux ; Gentin, ministre du commerce ; Pomaret, ministre du travail et Rucart, ministre de la santé publique, et qui avait quitté Paris de bon matin s'est d'abord arrêté à Roubaix où se trouve une partie de l'Exposition.


Après avoir été accueilli par les autorités et les parlementaires du département du Nord et M. Lebas, député maire de Roubaix, le Président, encadré d'une escorte caracolante de spahis marocains se rendit à l'hôtel de ville. En face de la maison commune moderne aux proportions monumentales, du clocher cinq fois centenaire de l'église Saint-Martin s'envolaient les sons du plus grand des carillons de France.


Dans la salle des fêtes de I’hôtel de ville, M. Lebas salua le chef de l'État et M. Albert Lebrun l'en remercia au nom de ses concitoyens en ajoutant :

« Je forme des vœux fervents pour que, devant les efforts communs des peuples résolument attachés à la paix, disparaissent les troubles et les incertitudes du moment ».


Ensuite, M. Albert Lebrun alla au monument aux morts déposer une gerbe de fleurs pendant que résonnait le lent et triste salut aux morts, lancé par un clairon dans le silence et sur le recueillement de tous. Les vivats de la population de la grande cité industrielle, qui étaient par leur chaleur à l'unisson avec le soleil, accompagnèrent le, Président jusqu'au centre régional de l’exposition. Dans le très beau parc de la ville, le centre régional présente en quatorze pavillons le style d'habitation et la production des quatorze départements du nord et de l'est. M. Albert Lebrun traversa le centre, s'arrêta quelques instants au pavillon du Nord et à celui de Meurthe-et-Moselle où de gentilles fillettes, en costume lorrain lui offrirent un compliment et des fleurs dont les remercièrent des baisers présidentiels.


Le cortège automobile gagna Lille par le long Boulevard qui joint Tourcoing-Roubaix et Lille, auquel la population faisait une bordure sonore d'applaudissements et de « Vive Lebrun ! »

A l'une des portes de la ville, le député-maire, M. Saint-Venant, qui avec ses adjoints, attendait le chef de l’Etat, l'accueillit au nom de la cité.


A LILLE


Derechef le cortège reprit sa marche à travers les rues débordantes de foule du trottoir aux lucarnes des vieilles maisons du 17e et du 18e. Il fit halte devant le monument aux morts de dimensions imposantes qui s'adosse aux vestiges noircis d'un palais du temps de Philippe Le Bon. Le Président honora d'une couronne la mémoire des fils de Lille tombés durant la Grande Guerre, et après le salut funèbre, se dirigea vers la préfecture.


Là, le chef de l'État donna audience à M. Baels, gouverneur de la Flandre occidentale, que le roi des Belges avait envoyé pour le représenter, afin de donner une marque toute particulière de déférent attachement au Président de la République, chef d'un pays qui compte parmi sa population du Nord un grand nombre de sujets belges.

 

Le banquet


Dans la salle des fêtes de l'hôtel de ville, à 13 heures, était offert par le Conseil général un banquet de de sept cents couverts. A la table d'honneur étaient, avec le gouverneur de la Flandre occidentale, M. Krier, ministre du travail du Luxembourg, parmi les nombreuses personnalités.

Au dessert, cinq discours furent prononcés.


Le discours du Président de la République


M. Albert Lebrun après avoir remercié les populations lilloises et roubaisiennes de leur accueil, avoir rendu hommage au département du Nord pour la grande part qu'il occupe dans l'activité économique de la nation, avoir exalté les vertus de l'âme flamande et avoir félicité les organisateurs pour cette exposition du progrès social, couronnement logique et rationnel de l'œuvre de réparation qui, malgré les orages et les incertitudes de ces dernières années a été achevée dans des conditions telles qu'on a pu sans emphase parler du miracle de la reconstitution, a déclaré :


« Enfin, messieurs, j'ai tenu encore venir parmi vous pour vous féliciter de ne pas vous être laissés détourner par les événements de l'œuvre conçue en des temps plus calmes et de l'avoir menée à terme malgré les difficultés et les incertitudes du moment.

Vous avez donné la un exemple de sang-froid, de courage et de confiance.

Puisse-t-il porter bonheur à l’'Exposition et lui valoir le succès qu'elle mérite ».


« On a dit et répété ces temps derniers que c'était un devoir strict de tout faire pour maintenir l'activité économique du pays, de ne se restreindre ni dans ses achats, ni dans ses conceptions d'avenir et de mener son train de vie habituel comme si l'horizon n'était pas chargé de nuages ».


« Agir ainsi est une nécessité.

La défense nationale, but suprême de tous les Français à l'heure présente, ne réclame pas seulement des armes nombreuses et instruites, un large approvisionnement en armes et en munitions, un moral élevé adapté à toutes les éventualités, elle exige aussi une activité soutenue dans tous les domaines, en vue de pouvoir supporter allègrement l'épreuve qu'imposent les événements ».


« Justifions la parole si émouvante prononcé lors de la commémoration de Jeanne d'Arc par l'éminent ambassadeur des États-Unis d'Amérique, lorsqu'il affirmait que « l'unité et la sérénité de la France d'aujourd'hui, font » honneur à la race humaine ».


« Oui, la France est unie et sereine ».


« Elle est forte du rassemblement de ses enfants au sein d'un régime démocratique où la pratique des libertés essentielles donne à la vie toute sa douceur, et au travail, son plein rendement. Elle sait les sacrifices que depuis vingt ans elle a consenti à la bonne entente des peuples ».


« C'est en pleine conscience qu’elle participe aujourd’hui avec les Nations attachées à l’indépendance des États des petits comme des grands à l'organisation d'un front de la paix, d'une Ligue de la sécurité en vue de libérer le monde de ce sentiment d'inquiétude qui le paralyse et qui en se perpétuant le conduirait à la déce (dixit) ».

 

« L'Exposition du progrès social est une manifestation de son état d'âme. Je souhaite qu'elle se poursuive dans une atmosphère de détente, de fierté et de joie : ses nombreux visiteurs y feront ample provision de patience et de bonne humeur dans l’attente de temps plus calmes ».


Avant le chef de l'État, avaient pris la parole, MM. Lebas, député-maire de Roubaix ; Maleu, sénateur, président du conseil d'administration de l’Exposition ; Daniel Vincent, sénateur et M. Marchandeau ministre de la justice.

 

M. Marchandeau

 

M. Marchandeau s'exprima en ces termes :


« Je ne puis me défendre, en homme qui se souvient et compare, de rapprocher les splendeurs présentes et les tristesses passées ».


« Je n'apprendrai rien à personne ici lorsque je rappellerai ce qu'ont été l'héroïsme et le labeur des populations des régions dévastées au cours des sévères années qui ont précédé le jour où nous les retrouvons unis pour organiser une magnifique démonstration de leur vitalité et de leur confiance ».


« Mais il est d'autres mémoires que les nôtres qu'il est peut-être bon de rafraîchir à l’heure où le mot d'injustice sert si souvent d'argument du côté de ceux qui retrouvaient, il y a vingt ans, leurs foyers intacts, leurs terres et leurs usines en ordre, tandis qu'ici tout n'était que ruines, que chaos, que lambeaux sanglants ».


« Cependant, l'ouragan de fer et de feu, l'étouffante atmosphère créée l’envahisseur n'avaient pas eu raison de l'énergie française ».


« La confiance emplissait les cœurs des soldats libérés, des déportés et des réfugiés revenus en hâte. Ils avaient, il est vrai, la certitude que les auteurs des dommages répareraient selon leurs engagements et qu'ainsi leur dénuement prendrait rapidement fin ».


« Vous savez ce qu’il est advenu de ses engagements : La France à peu près seule a fait les frais de la reconstruction de ses départements dévastés et les sinistrés eux-mêmes ont assuré dans un temps record, au prix de difficultés sans nombre, la résurrection tenant du miracle ».

 

« Personne ne s'est attardé, sur notre sol, à récriminer sans fin, personne ne songerait encore aujourd'hui à saisir le tribunal de l'opinion mondiale de la revendication pourtant juste du porteur de la créance que notre nation a dû payer en lieu et place du débiteur défaillant. Cependant ces faits, désormais inclus dans notre grande Histoire, portent en eux une leçon dont nul ne saurait méconnaître la haute portée matérielle et morale. Le pays qui a été capable, grâce à ses seuls efforts de remettre en état de itu (dixit) : des milliers d'hectares de terre, de rétablir, de rebâtir de ? usines, d'innombrables demeures, qui a refait un admirable réseau de routes et de voies navigables, qui, par surcroit, a restauré dans leurs splendeurs, évocatrices d'une pure gloire, tant d'œuvres parmi les plus belles du patrimoine artistique français, ce pays peut-il être jugé par quiconque incapable des efforts les plus vigoureux et des manifestations les plus décisives de sa force ».


« Par une coïncidence que dans leur sincérité pacifique les créateurs de l’Exposition de Lille n'avaient pas pu prévoir, il a fallu réaliser ce qu'ils avaient conçu au moment même où le ciel de l’Europe s’est chargé de lourds nuages. Mais plus à Lille que dans les départements du Nord et de l'Est appelés à concourir au succès de l'Exposition de 1939, ne s'est manifestée la moindre hésitation ».


Tous les hommages au Président de la République avaient été approuvés de manifestations chaleureuses à l’adresse de M. Albert Lebrun et une longue ovation avait éclaté quand le chef de l'État s'était levé pour prendre la parole. Des salves d'applaudissements avaient souligné de nombreux passages de son discours, mais elles atteignirent le summum lorsque M. Albert Lebrun envisageant la situation extérieure, affirma les nécessités de la défense nationale, l'union et la sérénité de la France et sa participation à l'organisation d'un front de la paix, d’une ligne de sécurité pour libérer le monde de l'inquiétude qui le paralyse.


Une nouvelle ovation ratifia les derniers mots que suivit le chant du vivat flamand entonné avec une ferveur religieuse.


Le banquet fut suivi d'une brève réception à l'hôtel de ville, où M. Albert Lebrun fut salué à son entrée par la clique des enfants des écoles, qui jouait avec ardeur la berceuse populaire du Nord, « Le Petit Quinquin ». La réception avait lieu dans le hall, où entre plusieurs autres semblables une bannière rouge timbrée d'une fleur de lys surmontait le buste de la République.


Mais cette association, plutôt imprévue au premier abord pour les non-initiés s'expliquait quand on savait que les bannières étaient aux armes de Lille.


Avant la présentation des corps constitués, le député-maire, M. Saint-Venant, assura le chef de l'État de la gratitude de la cité et émit le vœu qu'une loi de pardon intervienne à l'égard des délits d'opinion et de grève. Le Président remercia et évoqua des souvenirs de ses rapports avec le Nord depuis le temps où, ingénieur, il y quarante-cinq ans, il séjourna dans les mines de la région.


La visite de l'Exposition


Après cette réception, M. Albert Lebrun remplit la partie essentielle de son programme, la visite à l'Exposition.


Ce fut alors, selon la règle, une course à la transpiration parmi les palais, les stands, les pavillons, les parterres de fleurs, les fontaines dont les feux du soleil diapraient les eaux jaillissantes, le centre rural avec sa prairie, son église, sa halle, sa ferme modèle, sa gare moderne d'autocars, son auberge de la jeunesse, son théâtre et ses tréteaux et leurs baladins.


Tout au plus, la course se ralentit elle pour une vision-express de télévision et une danse où l'on vit dans la pénombre une danseuse serpentine dont se détachaient, en une irréelle apparition, les seuls voiles d'un mauve lumineux. Cette féerie troublante était le miracle des rayons ultra-violets agissant sur des matières fluorescentes qui imprégnaient les voiles.


Au bout d'une heure et demie de course et de sport vaillamment supportés, le sourire aux lèvres, M. A. Lebrun retrouvait le train présidentiel et sous les derniers vivats quittait la capitale de la Flandre.


Louis DAUSSAT.


Le retour à Paris


Paris, 5 juin


M. Albert Lebrun parti à 19 h 10 est arrivé à la gare du Nord à 22 h 4.


Le Président de la République a passé en en revue l'escadron de la Garde Républicaine qui présentait les honneurs et après avoir serré la main du mécanicien et du chauffeur du train présidentiel, il a gagné la sortie de la gare.


Les voyageurs en grand nombre, massés devant la gare du Nord ont applaudi et acclamé le Président de la République quand sa voiture est partie pour l’Élysée.

 

Flammes philatéliques



Deux flammes philatéliques ont été créées à l'occasion de l'Exposition du Progrès Social de Lille et Roubaix en 1939. Les dates initiales prévues, de mai à octobre, se sont retrouvées écourtées avec la déclaration de la deuxième guerre mondiale et la fermeture de cette double manifestation dès le début du mois de septembre.

A la différence d'autres expositions qui se sont déroulées cette année là, et notamment celles de Liège et New-York, aucun timbre philatélique n'a été édité et mis en circulation à cette occasion. Ce qui peut paraître étonnant vu l'importance de cet événement qui était en préparation depuis très longtemps, puisqu'il était envisagé au départ qu'il ait lieu en 1938.

Les peintures du Pavillon du Nord

Au rez-de-chaussée du pavillon du Nord se trouvaient des œuvres de plusieurs peintres. 

C'est à l’initiative de Félix Del Marle (1889-1952) et de Pierre-Paul Desrumaux (1899-1990), qu'un petit groupe se constitue avec Pierre Ladureau (1882-1974) et Paul-Alex Deschmacker (1889-1973), pour décorer le pavillon du Nord.

Félix Del Marle est l’un des seuls peintres de l’Hexagone à rejoindre le mouvement futuriste suite à sa rencontre avec Gino Severini, l’un des fondateurs du mouvement, en 1913. 



Découvrant l'œuvre de Kupka en 1924, il s’oriente vers l’abstraction et se réclame également du musicalisme. À peine deux ans plus tard, il adhère à la doctrine du néoplasticisme de Mondrian qui exerce sur lui une influence durable et dont il défend ardemment les principes au sein de Vouloir, revue d'avant-garde lilloise dont la direction artistique lui a été confiée en 1927.

La même année, Del Marle se rend en Allemagne et découvre le Bauhaus. Traversant une période de doute et de remise en question, il revient à la peinture figurative au début des années 1930. À l'aube de la Deuxième Guerre mondiale, il évolue vers un surréalisme empreint de symbolisme avant de revenir à l’abstraction en 1945.



Cette peinture sur bois a été réalisée dans les années 30 par Félix Del Marle. La serveuse est représentée avec un corps massif, épousant la forme du panneau, tenant dans une main, une bière fraîchement servie et de l’autre une cruche en grès, typique de la production allemande. Sur la table repose, également, une série de pichets en étain. Fils de brasseur, Del Marle a pu réaliser ce panneau publicitaire pour l’exposition du Progrès Social de 1939 à Roubaix ou pour un estaminet de la région.


Pierre-Paul Desrumaux, né à Lille le 22 mars 1899 et décédé à Wasquehal le 9 avril 1990, est un élève de Pharaon de Winter, de Jules Adler et de Fernand Sabatté. 

Il expose au Salon des artistes français dont il est sociétaire, y obtient une mention honorable en 1927 comme peintre et en 1928 comme lithographe. En 1929, il y présente les toiles La Corporation des porteurs de beurre, à Bergues et Paysan flamand.

En 1933-1934, il séjourne à Madrid en tant que pensionnaire de la Casa de Velázquez à Madrid grâce à une bourse de la ville de Lille.



Peintures de Pierre-Paul Desrumaux : L'Esprit du Nord - Loisirs du Nord


Pierre Ladureau est né le 28 août 1882 à Dunkerque et décédé en 1974 à Château-Thierry. 

Cet artiste postimpressionniste de l'Ecole de Lagny, est qualifié de paysagiste de la vallée de la Marne. Des lieux qu'il affectionna particulièrement en fixant sur la toile des villages avec leurs églises et leurs activités paysannes. Il obtint une Médaille d'or à l'Exposition internationale de Paris en 1937. Son épouse Gabrielle a fait don de plusieurs tableaux et dessins au musée Jean-de-la-Fontaine.


Paul-Alex Deschmacker est né à Roubaix en 1889, il est décédé en 1973. 

Son père Edouard Deschmacker est négociant en tissus, rue de Tourcoing. Sa vocation lui vient très tôt. Au lycée Saint Louis, à Roubaix, sa vocation perçait déjà et ses meilleures notes étaient en dessin. Son père le destinait à la fabrication textile.



Ses débuts dans la peinture sont modestes, jusqu'à ce que la correction d'une vue déficiente lui permet enfin de s'exprimer et d'obtenir de nombreuses récompenses. Son père l'autorise alors à suivre des cours de dessins et de peinture à l’Ecole des Beaux-Arts de Lille, son souhait le plus cher. 

Son passage dans la capitale des Flandres est marqué par des médailles d’or, par un prix départemental et il reçoit une bourse pour quatre ans afin d’étudier à Paris à la prestigieuse Ecole des Beaux-Arts. Sous la houlette de Fernand Cormon, membre de l’Académie des Beaux-Arts, il parfait sa technique dans « l’atelier Cormon » qui a vu passer des grands artistes comme Vincent van Gogh, Henri Matisse, Henri de Toulouse-Lautrec. Ses camarades d’école le baptisent « Van Dyck » pour sa facilité dans le portrait.

Durant cette formation il obtient une première participation au fameux Salon d’Automne créé au Petit Palais en 1903 dans le but de faire découvrir de jeunes artistes. Il raconte au comédien Jean Piat comment il arrive à postuler au prestigieux salon. « Mon professeur le peintre Cormon me dit un jour que je devais envoyer quelque chose au Salon d’Automne. Je me suis mis alors au travail, un grand portrait, d’une jeune fille brune dont le père était professeur au lycée de Tourcoing. J’ai consacré de longues heures de pose et six semaines de travail. J’y avais mis tout mon savoir… Cormon l’apprécia mais aperçu un petit portrait de ma sœur en blouse bulgare que j’avais peint en m’amusant en deux semaines aux vacances précédentes. Il me pressa de l’envoyer aussi au Salon. Et de fait, le jury du Salon refusa la grande toile et accepta la petite, en la proposant même pour une mention… »

Plusieurs grands musées conservent les œuvres de ce peintre principalement le Musée de La Piscine à Roubaix, qui a organisé en juin 1986 la seule rétrospective des peintures de Deschmacker avec plus de deux cents œuvres qui ont montré la diversité de son style.



Nocturne

De nombreux visiteurs ont pu apprécier les prodigieuses illuminations du Centre Régional où, dans un cadre naturel merveilleux, la féérie électrique avait créée une ambiance digne des contes orientaux des mille et une nuits.

 

Carte postale © Collection personnelle

et ci-dessous clichés collection Daniel Labbé